Le Jardin des jeunes génies
École : École martin Bélanger
Adresse : 29 Avenue Ouellette, Lachine, QC H8R 1C9
Présentation
Le jardin des jeunes génies n’a pas vraiment ce nom, mais il est tout à fait mérité ! En effet, depuis maintenant un an et demi, des élèves de 5ème (qui entre temps sont passés en 6ème) ont imaginé puis conçu un module de production de semis qu’ils appellent « la serre ». Le projet coordonné par le programme Adopter une école, est un partenariat entre le GRAME, Racine Carrée et l’école. Conçu il y a un an et demi, le module de production de semis s’est vu introduit dans l’école à la rentrée.
Dans le cadre de ce partenariat, Racine carrée, une initiative de l’Université de Concordia, a lancé le projet à travers le programme Adopter une école. L’équipe de Racine carrée s’est occupée des premières étapes, qui sont l’introduction à l’agriculture urbaine et l’organisation de l’événement pour la conception des plans par les élèves. Quant à l’équipe du GRAME, elle accompagne le projet jusqu’à la fin. Le but pour Racine carrée est de « créer un sentiment d’appartenance » entre les jeunes et le projet (ici le jardin). Chaque projet est spécifique aux besoins des écoles.
Un technicien horticole est là chaque semaine (ou presque) pour animer des ateliers autour de la « serre ». L’objectif est d’aller au-delà des thématiques du cursus scolaire. Les membres du GRAME ne s’y connaissent pas seulement en agriculture urbaine ; ils invitent aussi les élèves à se questionner et à comprendre les enjeux liés à l’alimentation, la mauvaise redistribution alimentaire et la mondialisation en général. Ceci trouve un écho particulièrement fort dans un quartier désigné comme désert alimentaire où les jeunes vivent la pauvreté au quotidien.
Description
Aujourd’hui le jardin est constitué de deux serres, du module de production de semis et de quelques chaudières. Le module conçu l’année passée est une structure en bois faite pour l’intérieur. Les deux autres serres ont elles été conçues par les élèves de 5ème année de cette année et sont prévues pour l’extérieur. Et tout comme leur prédécesseurs, les élèves de cette année ont pu compter sur le soutien d’étudiant.e.s bénévoles de l’université de Concordia. Pour le moment seule la serre intérieure est utilisée, l’année prochaine les deux serres extérieures entreront à leur tour en activité.
Il y a également de nombreuses chaudières dans lesquelles sont cultivés des plants de tomates. Ceux-ci sont destinés aux élèves de toute l’école pour qu’ils puissent les cultiver durant l’été chez eux, mais aussi à des jardins collectifs. Pour les élèves et les structures qui encadrent le projet, envoyer ces micro-jardins portatifs à droite ou à gauche permet de partager l’effort de culture et d’essaimer le projet sur l’ensemble de l’arrondissement.
Fonctionnement
Le financement de ce projet est partagé. D’un côté Adopter une école finance le projet et la plupart du matériel et de l’autre le GRAME finance les semences et le salaire du technicien horticole. Le fait que le financement soit partagé est intéressant économiquement pour chaque structure.
Les responsables du jardin sont les élèves. Ce sont eux qui chaque jour s’occupent d’arroser les plantes et d’en prendre soin. Aussi lorsque des problèmes surviennent, c’est tous ensemble avec leur enseignante qu’ils discutent afin de choisir la meilleure solution. Ils évoluent ainsi dans un mini-système démocratique, ce qui les sensibilise au fait de devenir des citoyens responsables et à l’écoute des autres.
L’année passée, les 5ème année ont donc pu bénéficier de l’aide de bénévoles, étudiants ingénieurs de Concordia. Cette année, les élèves de 5ème année qui construisent eux aussi deux serres, ont reçu en plus de l’aide des bénévoles, celle des élèves maintenant en 6ème. Ceux-ci ont alors pu adopter une position de « mentors » ce qui est très important à leurs yeux car ils souhaitent transmettre leurs connaissances afin que le jardin perdure après leur départ de l’école.
Chaque semaine (ou presque) les élèves assistent à un atelier présenté par le technicien horticole du GRAME. Ce dernier s’est entendu au préalable avec l’enseignante afin que ces ateliers soient reliés au programme. L’enseignante quant à elle peut utiliser l’atelier durant tout le reste de la semaine comme support pédagogique.
La mobilisation estivale de la communauté n’est pas un enjeu dans ce jardin. En effet, comme il ferme en même temps que l’école, pas besoin d’organisation pour s’en occuper durant les grandes vacances. C’est pourquoi on ne plante dans ce jardin que des légumes qui pourront être récolté avant le 24 juin, comme des fines herbes et des radis. Les tomates quant à elles sont distribuées et ne resteront pas sans soins pendant l’été !
Gala des GRAMies à Lachine: les bons coups environnementaux récompensés
Par Vicky Michaud –
En tout, quatre groupes et citoyens impliqués ont été reconnus lors de la cérémonie des GRAMies le 17 mars à la salle de spectacle Aux Trois Devins de Lachine.
Pédagogie
Pour l’enseignante, ce jardin est un bon moyen de transmettre des messages importants aux jeunes. Le premier objectif de Racine Carrée et du GRAME était que les jeunes s’approprient la serre afin qu’elle devienne leur serre. Défi réussi ! Les jeunes sont tous très fiers et très attachés à leur serre. Au delà de ce sentiment, c’est la responsabilisation et l’autonomie qui sont transmises par le jardin. De plus c’est un moyen de s’assurer que les enfants soient conscients de l’importance d’une alimentation saine et locale. Enfin, vivant dans un désert alimentaire, la culture du jardin leur permet d’acquérir les compétences de base afin qu’ils deviennent autosuffisants.
Le programme scolaire est évidemment très présent lors des ateliers. Ainsi, en collaborant, l’enseignante et le technicien horticole ont su intégrer le programme aux ateliers. Les sciences et la technologie sont par définition très présents dans les thèmes abordés, mais pas que. L’enseignante a réussi à intégrer largement le français et les compétences à l’oral à la pratique du jardinage. Ainsi elle a créé plusieurs ateliers concernant ces compétences : un atelier dans lequel les élèves ont pu rencontrer un journaliste afin de rédiger et diffuser un article sur leur serre. Cet article leur a valu de recevoir un prix. Dans un autre atelier, un autre groupe d’enfants a imaginé et dessiné une BD. Un autre groupe d’élèves encore s’est amusé à jouer et monter une petite vidéo afin de présenter ce qu’ils ont appris et ce qu’ils savent désormais faire grâce à la serre. De plus ils ont organisé une journée portes ouvertes pour les autres élèves de l’école où ils ont présenté chacun des ateliers comme la serre mais aussi un stand de dégustation où les élèves avaient préparé de la salade faite avec de bonnes tomates du jardin et des petits toasts. Chaque élève conduisait un groupe d’autres élèves à travers les stands ce qui leur a permis de mettre en pratique toutes les compétences à l’oral qu’ils connaissent à présent.
Ils ont également pu s’essayer à la couture dans la conception de la serre. Le réservoir d’eau étant un bac transparent placé sous la structure en bois, l’eau n’était pas protégée du soleil, le risque de propagation d’algues était donc élevé. Afin d’y remédier, ils ont appris à coudre et ont confectionné collectivement des courtepointes pour protéger l’eau du soleil. Les enfants le disent eux-mêmes, c’est une compétence qu’ils sauront réutiliser à l’avenir. Cet atelier fut l’un des préférés de l’enseignante : les enfants au jardin peuvent être distraits, c’est une activité excitante pour eux. Le fait de coudre les oblige à se concentrer. De plus, il s’agit toujours d’œuvrer pour le jardin.
Pour finir, ce projet de jardin coordonné par plusieurs organismes est un vrai succès. Les difficultés rencontrées au début quant à l’intégration du programme scolaire au jardin ont vite été maitrisées grâce à l’implication et la coordination de l’enseignante, du technicien horticole et des bénévoles.
Ce jardin est une grande source d’inspiration pour n’importe qui voudrait lancer le sien dans une école. Le financement partagé entre les organismes est une source d’économie pour le projet et vous pouvez vous aussi suivre des démarches similaires pour votre jardin.
Les élèves qui se sont appropriés le jardin immédiatement sont très fiers de présenter leurs travaux. Intégrer des enseignements scolaires à la pratique du jardinage n’est pas si sorcier, c’est même un atout. Le support du jardin reste gravé dans la mémoire des élèves qui s’en rappellent lorsque des notions précises sont reprises en classe.